Coach pour entrepreneurs, en activité ou en démarrage, et entrepreneur lui-même, Philippe Ledent sort un livre sur l’entrepreneuriat en 2016. Il analyse pourquoi le visage et la forme de l’entrepreneuriat changent. Et il parle beaucoup d’e-réputation. Nous l’avons rencontré.
1e question : Publier un livre en 2016, cela fait-il partie d’une stratégie de « personal branding » ? Un livre a-t-il encore un impact de nos jours ? Davantage qu’un blog ?
Je dirais tout d’abord que j’aime le Story Telling. Je veux raconter une histoire à celles et ceux qui entreprennent, les starters, mais aussi les entreprises existantes qui se posent beaucoup de questions sur le monde actuel et l’avenir…Il y a ensuite une stratégie de « personal branding », c’est vrai qu’un livre « tangibilise » une personne et les services qu’elle propose.
Enfin, le processus itératif permet de mettre de l’ordre dans mes idées. Et de synthétiser mon expérience de 20 années au service des entrepreneurs.
2. Dans votre livre, vous dites que « Chaque starter devrait d’abord se former dans la compréhension, puis l’utilisation des réseaux sociaux ». Ce n’est pas le cas ? Les starters ne sont-ils pas assez formés ?
En 2016, il faut être un « Open Entrepreneur ». Je le détaille dans l’ouvrage en commençant par le « Open » : être ouvert et à l’écoute de la mutation numérique, y compris dans ses propres pratiques quotidiennes.L’utilisation des réseaux sociaux est considérée comme un levier essentiel d’évolution et de performance dans nombre de pays matures et émergents, elle continue d’être perçue comme un facteur de premier ordre pour seulement 20% des patrons belges, bien loin derrière leurs homologues américains, allemands et brésiliens.
Beaucoup trop indépendants et TPE n’ont donc aucune visibilité sur le web… C’est-à-dire qu’ils n’existent pas pour leurs clients, ou face à leurs concurrents… Car aujourd’hui, les règles du jeu ont changé, le consommateur est le meneur de la relation avec l’explosion des réseaux sociaux et la démocratisation de la participation des internautes dans les contenus du web. Tout cela change les règles du marketing traditionnel.
En effet, il n’a jamais été aussi facile d’obtenir des informations sur un produit et de savoir ce qu’en pense sa communauté en ligne et des millions d’autres utilisateurs. Dans beaucoup de domaines, la publicité « produit » laisse la place au marketing communautaire ! Pour chaque starter et entrepreneur, bien utiliser les réseaux sociaux est déterminant. Bien utilisés, il s’agit vraiment de l’outil marketing le moins cher et le plus direct !
Connaître le C to C et le C to B devient donc indispensable pour un entrepreneur 4.0., que nous appellerons également « post-moderne » ! Le C to C désigne les services d’échanges entre consommateurs, services facilités par le média Internet : petites annonces, sites d’enchères, rencontres,… Ne nous y trompons pas toutefois : derrière un service C to C, on trouve le plus souvent un B (business). Ebay est le premier des services en ligne C to C.
3. Vous conseillez aux entrepreneurs de « devenir des espions modernes », en s’appuyant sur les nouvelles techniques pour mener une analyse concurrentielle.
Vous êtes même assez dur en disant que les entrepreneurs qui connaissent mal leurs concurrents n’ont aucune excuse. Quelles sont ces techniques ?
La concurrence est partout, mais parfois pas où l’on pense… C’est d’ailleurs Michael Porter qui a inventé le modèle de la rivalité élargie et qui définit des concurrents directs, indirects et la substitution. Pour un entrepreneur, la concurrence est la meilleure source d’inspiration, mais aussi de différenciation ! Car aujourd’hui, les clients sont sur-informés grâce à Internet. Quelle est la crédibilité d’un entrepreneur quand son client lui explique ce que propose son concurrent ? Il existe des nouvelles techniques pour mener une analyse concurrentielle moderne. En voilà cinq :
- Lire les Tweets des concurrents
- Suivre les blogs de ses concurrents et des acteurs du secteur
- Utiliser LinkedIn et se connecter avec les employés de vos concurrents
- Examiner les sites de ses concurrents et … Google.
- Utiliser les déclencheurs de vente et alertes. Et surtout, il faut tirer profit de Google Alert! C’est gratuit et ça peut rapporter gros.
Alors, il n’y a vraiment plus d’excuses. Un entrepreneur perd tout crédit quand il ne connait pas, ou mal ses concurrents. Pire, il perd l’essence même de son argumentaire commercial…
4. Faut-il être un « geek » pour entreprendre en 2016 ?
Pas complètement. Mais sans maîtrise des nouvelles technologies, les entrepreneurs risquent d’être au volant d’une voiture moderne qu’ils ne sauront pas piloter. Cela commence par internet, les réseaux sociaux. Ensuite la digitalisation de l’économie remet tous les secteurs en question. Nos économies se retrouvent aujourd’hui au milieu d’une sorte de triangle des Bermudes avec trois pointes : le Big data, les objets connectés et l’impression 3D. Pour en tirer profit, il faut maitriser un tant soit peu la technologie numérique. A tout le moins pour comprendre…Ce n’est pas neuf, loin s’en faut. Mais on ne le répétera jamais assez, le numérique a définitivement bouleversé la « relation client ». L’occasion de se renouveler et gagner en réactivité.
Beaucoup d’entrepreneurs n’hésitent pas à solliciter leurs clients ou abonnés sur la qualité de leur service, via les réseaux sociaux. De nombreux outils technologiques permettent d’automatiser des remontées de terrain, d’enrichir ses connaissances client en temps réel.
5. Trouvez-vous que les patrons soignent assez leur e-réputation ? Quels seraient vos conseils en la matière ?
Il y a les « aware » et les autres… Un chef d’entreprise est avant tout un élève qui apprend tout au long de son aventure… Et qui doit maintenir sa concentration à son plus haut degré.Aujourd’hui, l’absence de frontière entre la vie privée et la vie publique conduit à un besoin de transparence que l’e-réputation ou le « personal branding » ne démentent pas. Le plus important, c’est de « Tenir parole », d’être soi. De distinguer ses comptes privés et professionnels sur les réseaux sociaux. Concrètement, et dans le second cas surtout, cela implique de tenir les engagements que l’on prend sur le web, et notamment sur les médias sociaux. De se souvenir de ce que l’on a dit à tel ou tel internaute, d’identifier les acteurs qui nous accompagnent au fil du temps.
Puisque l’on est entré dans l’ère de la conversation de masse, de plain-pied, puisque la parole s’est libérée sur Internet et sur le mobile, il est important de tenir parole aujourd’hui. D’autant que la Toile se souvient, désormais. Les plates-formes communautaires ont une mémoire. Les données sont récoltées, triées, analysées. « Verba Scriptaque manent » : les paroles et les écrits restent. Philippe LEDENT
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Entreprendre en 2016 : devenir un aventurier 4.0
Prix : 26 euros (TVA et frais d’envoi inclus)
ISBN : 978-2-87496-307-0
Nombre de pages : 194
Collection : Guide pratique
Commande en ligne : sur www.edipro.eu
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